Glossarium - Antroop Mens Subject
Glossaire:
Anthrope-Homme / Anthrope -sujet
Cette distinction est de importance fondamentale
pour l’architecture que nous traitons sur architecturer.net
Architecturer pour un anthrope-Homme ou pour un anthrope-sujet
n’est pas le même acte.
En architecture,
l’ anthrope-Homme a un désir autre que
l’anthrope-sujet pour qui l’architecture est une véritable nécessité
L’ anthrope-Homme est a priori constitué de raison et capable de jugement.
L’anthrope-sujet n’existe même pas a priori et sa tenue est essentiellement labile.
L’architecture pour l’anthrope-Homme
se différencie de
l’architecture de l’anthrope-sujet.
Nous la différencions littéralement par un trait et par une majuscule :
L’architecture pour l’anthrope-Homme est là pour son bien-être.
L’architecture de l’anthrope-sujet est là pour son bien Être.
Voyons comment….
Trois termes : Anthrope, Homme, Sujet.
*
Anthrope - Homme
Le mot ‘anthrope’ est un néologisme proposé par Jean Stillemans.
On note que
- Anthropos, est un mot grec ancien (Άνθρωπος), désignant l’humain dans sa détermination la plus générique qui est l’objet de l’anthropologie
- -anthrope est un suffixe qui signifie être anthropique et non un être humain.
L’intention de proposer un nom commun -anthrope-
est de se débarrasser de
toutes les connotations du mot ‘humain’.
‘Humain’ ne se détache pas de la notion d’’homme’.
Mâle donc.
‘Humain’ porte en soi aussi,
par étymologie commune,
la notion de ‘humus’.
Comme si l’homme,
à l’exclusion de la femme,
était l’humus de l’humanité….
C’est une connotation dont il est difficile de se détacher.
Un cas caractéristique de cet attachement est
qu’on a, avec de bonnes intentions,
transformé l’expression ‘droits de l’homme’
en ‘droits humains’.
Cela évidemment pour éviter le ridicule de
‘droits de l’homme de la femme’ .
Mais par le mot ‘humain’,
nous l’avons vu ,
on garde encore la relation à l’homme-mâle-humus de l’humanité.
On aurait mieux fait de choisir
‘Les droits anthropiques’.
Il s’agit aussi de se débarrasser
de toute connotation du mot ‘humanisme’.
Aujourd’hui, on ne peut vraiment savoir ce que ce mot veut dire.
Il peut vouloir indiquer une attitude de pensée qui ‘place l'homme et les valeurs humaines a priori au-dessus de toutes les autres valeurs’. (Larousse).
Ce qui est une doctrine d’une prétention et d’une suffisance absconse au regard de ce que l’histoire nous a laissé voir de production de misères dont seul l’homme est capable.
‘Humanisme’ peut au contraire vouloir indiquer
une sorte d’altruisme mou pardonnant tout à l’homme.
‘Humanisme’ peut vouloir dire selon le CNRTL une attitude de pensée qui manifeste ‘un vif appétit critique de savoir, visant l’épanouissement de l’homme rendu ainsi ‘plus humain’ par la ‘culture’…..
Comme si la culture d’un ‘Homme’ préétabli et suffisant était garantie du bien…..
‘Humanisme’ peut, sans le savoir, être connoté
de l’humanisme de la Renaissance
qui n’était rien d’autre,
sous couvert de référence à l’antiquité,
et pour finir le Moyen-Âge,
que l’institution d’une attitude de pensée
qui croyait l’homme capable
de construire entièrement un monde idéal,
hors tout Réel.
C’est à dire de supporter la croyance
que l’anthrope-homme pouvait être
accompli, entier et central à lui-même,
capable a priori de jugement …
Tout cela, la pensée comme la science
l’a montré entièrement faux.
On ne peut s’empêcher de d’indiquer
comment Lacoue- Labarthe
a magnifiquement et simplement montré que
le nazisme est un humanisme……
*
Nous choisissons donc d’utiliser ce mot ‘anthrope’
‘Anthrope’, comme le mot grec ‘Anthropos’
désigne donc
ce qu’on appelle trop souvent ‘l’humain’
dans sa détermination la plus générique
comme dans le mot ‘anthropologie’.
On comprend immédiatement alors,
en sens inverse,
que traiter l’anthrope d’être ‘Homme’
est une absurdité.
Sans compter que c’est criminel.
Car dire que l’anthrope est Homme
est aussi dire que l’anthrope n’est pas du tout ‘Femme’.
Car cela veut quand même dire que
ce qui est anthropique est essentiellement constitué par l’homme,
à l’exclusion de tout apport par la femme.
En psychologie cette volonté d’exclure la femme se comprend…
La femme a ce pouvoir a priori
de pouvoir mettre au monde un nouveau-né.
C’est un pouvoir majeur…
Qui rend secondaire tout autre pouvoir.
C’est un pouvoir quasi divin….
La femme est la preuve que Dieu n’existe pas…
(Alain Badiou – Conférence remarquable sur la féminité….)
L’homme-mâle n’a rien de divin en ce sens …
D’où toutes ses velléités de pouvoir.
Et sa répugnance d’en reconnaître à la femme.
C’est évidemment vrai en politique.
Mais c’est particulièrement vrai en arkhè-tecture…
L’homme, de sa misérable condition,
ne reconnaitra que difficilement un arkhè-
c’est-à-dire une autorité primaire,
à la femme….
Et il a fallu attendre le XXI° S.
pour compter parmi les architectes,
un nombre conséquent de femmes.
Il y a donc une absurdité d’accepter en pensée
que l’anthrope est ‘Homme’
et même qu’il est ‘humain’.
A cela il faut encore ajouter
que l’humanisme du XV° et XVI° siècle
était une attitude de pensée
qui établissait l’anthrope
comme homme
suffisant
qui se tient en soi,
central à soi-même ,
doté a priori de raison,
capable a priori de jugement,
ou tout simplement …
existant a priori,
et s’établissant par soi-même.
Tout cela n’est que velléités…..
En architecture les résultats de cette attitude de pensée sont saisissants.
Il s’agit d’établir un ‘espace’
entier,
parfaitement construit, par le nombre entier
entièrement suffisant,
oblitérant le Réel et la nature,
fermé,
fini,
contenant entièrement sa raison en soi,
dans une triple opposition :
opposition entre intérieur et extérieur,
opposition entre fini et infini
opposition entre face-façade et sa profondeur interne.
offrant à l’Homme entier débarrassé du Réel
un bien-être de pouvoir
par ce qu’il s’accapare
ou produit en possession
comme en bonheur sentimental.
Fascinante attitude
jetant un sort fermé
au monde anthropique occidental
devenu ‘humanité’ forcément ego-centrique.
Anthrope – sujet.
L’anthrope n’est pas ‘Homme’.
L’anthrope est ‘sujet’.
Ce sont la pensée comme la science qui l’ont établi.
Le mot ‘sujet’ est à double sens.
Il peut signifier ‘assujetti’
comme il peut être ‘capable’ de présider une sentence.
Et toute la pensée contemporaine non réactionnaire,
commencée par Schopenhauer,
suivi de Freud, Cantor, Laborit…, Lacan, …Badiou,…Damasio…
est de dire finalement
que l’anthrope est ‘sujet ‘.
Qu’il n’est pas central à lui-même.
Qu’il n’est pas doté a priori d’une raison objective.
Qu’il est au contraire sujet de l’inconscient qui n’est même pas le sien propre.
Qu’il doit se trouver….
‘Le sujet est à trouver’. ( Alain Badiou dans ‘Théorie du Sujet’)
Qu’il n’existe donc pas a priori.
Qu’il ne se tient pas en soi.
Qu’il ‘est’ le croisement des autres (sujets ou objets…).
Que son ‘Être’ est le croisement des autres…dont il se distingue difficilement.
Qu’il est toujours insuffisant.
Qu’il n’est jamais fini…
Qu’il est toujours in-fini…
Qu’il doit donc être infini dans l’accueil de l’événement qui l’établit.
Qu’il s’établit par événement.
Le sujet est donc essentiellement ‘labile’.
Il peut s’écrouler.
Et devenir, même à soi, un simple réel sans réalité.
Il doit être tenu.
Et sa tenue face au Réel est sa dignité
Dignitas était l’intention essentielle de l’architecture pour Alberti.
En architecture les résultats de cette attitude de pensée sont saisissants.
Il s’agit d’établir un ‘espace’
qui n’est jamais entier,
non achevé, par le nombre sans fin
insuffisant,
acceptant en soi du Réel et de la nature,
ouvert,
in-fini et infini,
ne contenant pas toute sa raison en soi,
et constitué dans une triple non-opposition :
non-opposition entre intérieur et extérieur,
non-opposition entre fini et infini
non-opposition entre face façade et sa profondeur interne.
pro-posant au sujet se tenant au pas du Réel
un bien Être de tenue
éthique
autorité concrète lui per-mettant de vivre
en simple dignité primaire.
Mies – Pavillon Barcelone – Dessin Paul Rudolph
Maison Los Vilos – Nishisawa – Photo : Nishisawa
Fascinante attitude
jetant un sort ouvert
au monde anthropique
devenu ‘anthropie’ hétérocentrique.