1983 Eupen
Par la grâce d’une Dame
- Marguerite S-
qui énonçait que
l’architecture est de l’ordre de la pensée,
j’ai pu construire cette première maison ….
Marguerite ne prétendait pas savoir l’architecture.
Mais elle prétendait qu’il y a de l’architecture en soi.
Et que pour connaître l’architecture,
il fallait l’avoir bien étudiée.
Un peu comme Platon disait de la politique.
Il faut l’étudier pendant 40 ans pour prétendre la pratiquer.
Marguerite savait que je travaillais à la pensée de l’architecture.
Elle me choisit.
De l’architecture elle ne me dit donc rien.
Elle me fit seulement savoir quels étaient ses meubles …
qu’elle avait besoin de rangements supplémentaires…
et qu’elle voulait vivre du côté de son jardin….
(la maison à construire étant le long d’une rue assez bruyante en ville
et le terrain arrière assez beau avec un grand arbre centenaire…..).
*
La réponse architecturale fut simple…
Un mur assez épais
que pour contenir des rangements
divise la maison en un côté rue et un côté jardin
Il est épais aussi pour qu’on sente bien
qu’on doit le traverser
pour bien sentir la partition
entre le côté rue et le côté jardin.
Coté rue, un mur concave fait le gros dos à la rue bruyante.
Côté jardin, un mur convexe semble
enfoncer dans la maison l’espace du jardin
où quelque part sa courbe trouve son centre.
Devant le jardin immédiatement une cour dans la même architecture.
La maison est donc de droit et de courbes.
Courbes qui ouvrent l’espace vers de l’autre.
Comme il le faut en ville où l’autre est très présent.
Latéralement la structure semble donc
ouverte à une continuation….
Une deuxième maison fut d’ailleurs demandée
mais ne fut jamais réalisée….
Les murs mitoyens semblent donc
être de simples cloisons.
Mais on voit bien que le projet
aurait pu constituer plus loin …une rue…une ville…
On note deux autres points…. :
On voit immédiatement dans le plan que
le centre de la maison n’est pas dans la maison…
Il est hors de l’espace physique de la maison…
Il s’agit déjà là d’une centralité non renaissante.
Le centre de la structuration est
hors de la maison dans le Réel ou dans la Nature
hors de l’architecture…
Le deuxième point sont les façades.
Marguerite était une personne classique.
Les façades sont donc classiques … :
Des fenêtres proportionnées … Un rythme simple.
Le raisonnement était que
les façades ne structurent pas l’espace
mais sont une image ajoutée
à la structure spatiale du bâtiment.
Il aurait été mieux de ne pas avoir de façades
et que la structure apparaisse comme telle.
Mais ici fut utilisée la notion de double mur
d’une part pour la structure porteuse
qui est aussi la structure architecturale
et d’autre part le parement
pour apposer une image sur le bâtiment.