1997 Gand
Petit concours à l’entrée de Gand…. :
Une maison des architectes….
Lieux de rencontres, lieux d’information, bibliothèque,
logements pour chercheurs….
Administration….Parking….
On voit bien,
dès l’abord du premier dessin ‘idéogramme’, que,
une fois la distribution fonctionnelle organisée,
l’architecture est établie
par une précise loi d’agrégation de sa forme.
Et que cette loi,
qui est une multiplicité,
est strictement géométrique.
*
Quelques points essentiels de la géométrie :
- L’arrachement au Réel par le trait inaugural.
- L’établissement d’une mesure.
- La répétition.
- Le passage à l’autre.
- Le retrait géométrique.
- L’action restreinte de la géométrie.
- Géométrie ni Réelle, ni Imaginaire, ni Symbolique.
- La sortie inaugurale de notre néant premier.
- Multiplicité de la géométrie et pertinence d’une géométrie.
*
La géométrie.
Devant les premiers dessins
on voit bien que,
dans ce projet,
il ne s’est pas agi
d’une disposition de fonctions bien emballées.
Dans le premier dessin
on ne voit d’abord qu’un fond blanc,
sorte de Réel
où ne se repère a priori aucun sens.
Un fond blanc -Réel-
sur lequel sont tirées quelques lignes
qui se tiennent.
Quelques lignes qui se tiennent
par répétitivités,
par variations de ces répétitivités,
et par des voisinages.
Aucun élément de ces dessins n’est esseulé
Il ne s’agit pas d’un ‘amas’ d’éléments.
Il s’agit d’un ‘ensemble’ d’éléments.
Et cet ensemble n’est pas inconsistant.
Chacun de ses éléments s’y tient
en soi et ensemble.
Le passage d’un élément à l’autre
s’y fait toujours
par une loi simple
de répétitivité ou de voisinage tendu.
Au point même que ce qui semble être
l’unique thématique de pensée de ces dessins
est cette primitive idée de ‘tenue’.
‘Tenue’ ensemble.
Primitive et inaugurale idée de ‘tenue’
au pas du Réel non encore Réalité.
Réel où rien ne se tient encore.
Primitive et inaugurale idée de ‘tenue’.
Sans plus.
Là est la géométrie… :
Primitive idée de tenue…. sans plus.
Là est la géométrie… :
Présenter au pas du Réel
une inaugurale idée dénuée.
Une idée de tenue
dénuée de ce qu’elle tient.
L’idée…. ‘pure’.
Ou …l’idée de l’idée….
*
Idée ‘pure’ inaugurale nécessaire…
Idée ‘pure’ inaugurale nécessaire
à l’anthrope qui,
au début de son commencement,
n’existe pas encore en soi.
Idée ‘pure’ inaugurale nécessaire
à l’anthrope qui,
au début de son commencement,
n’est qu’à peine ‘stance’
toute ouverte,
vide et sans mesure
c’est-à-dire presque néant.
Idée ‘pure’ inaugurale nécessaire
à l’anthrope,
au début de son commencement
à dis-stance inappréhendable du Réel,
où il ne peut même pas ‘se trouver’.
Idée ‘pure’ inaugurale nécessaire
à l’anthrope qui,
au début de son commencement
à dis-stance inconnue du Réel,
y sent que
ce qu’il sent,
en ‘incomplétion’,
manque de sens
et n’en prend qu’avec l’idée.
Idée ‘pure’ inaugurale nécessaire
à l’anthrope
pour qu’il puisse
donner sens,
et établir ce sens
en affirmation interrogative
et en infinition.
*
Pour l’anthrope
à dis-stance du Réel
il s’agit de rompre avec le Réel
où rien ne se tient en soi,
où rien ne se peut en soi.
Du Réel, il doit s’arracher
pour qu’il y ait commencement.
Du Réel,
pour l’anthrope,
il s’agit
de parvenir à ‘se tenir’
à dis-stance
et commencer.
Du Réel,
pour l’anthrope,
il s’agit de parvenir
à ‘se trouver’
en soi,
en stance
à dis-stance.
Dis-stance contenant donc
le ‘se tenir’ et le ‘se trouver’
nécessaires pour pouvoir commencer.
Et qui précédent donc
toute forme, toute pensée, toute notion,
toute catégorie, tout concept, tout jugement….
Dis-stance,
est ainsi
parole essentielle et inaugurale de l’anthropo-logie,
parole essentielle de l’architecture,
et constituant essentiel de la géométrie.
Et cet arrachement au Réel
commence toujours
dans l’établissement de la tenue de la pensée anthropique
par la grâce de la géométrie,
toute de dis-stances.
(Nous n’en connaissons pas d’autres…
Les vases Jomon au Japon d’il y a 11.000 ans.
Stonehenge… Carnac d’il y a 6.000 ans.
Les premiers vases Grecs….
Nous montrons ci-dessous le galet de Gneiss d’il y a 24.000 ans )
*
L’arrachement au Réel
commence toujours
par la grâce de la géométrie.
Qui commence.
C’est-à-dire ‘qui est un commencement’.
Au début du commencement,
dans le néant
un trait,
qui peut faire croire
à un petit ‘un’
à une petite ‘tenue’…
Galet de gneiss gravé
de traits obliques et perpendiculaires
(abri de Laugerie-Basse, Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne).
Époque protomagdalénienne (vers -22 000 à -20 000 ans)
Musée national de la préhistoire.
Dans le néant
un trait,
c’est-à-dire un sens
sans signification.
Le trait peut insister sur le sens,
et devenir ligne infinie.
Ou,
en ce sens,
le trait peut se répéter,
et devenir mesure.
Le trait peut se répéter
et en-signer les notions
de ‘passage à l’autre’.
et de tenue de l’entre-deux.
Toutes choses
-‘passage à l’autre’,
et tenue de l’entre-deux-
ne se tenant
ni dans le néant,
ni dans le Réel.
Toutes choses
fondant la notion de ‘tenue’
à dis-stance du Réel.
Toutes choses
fondant donc
la dignité,
qui est
‘tenue’ au pas du Réel.
Toutes choses donc
indispensables pour commencer.
C’est-à-dire
commencer par
le sens avant qu’il ne prenne sens.
Puis par le sens qui prend sens.
Quel sens se prend?
Un sens qu’on arrête par échouage
comme le trait ‘tracé’,
comme une gravure,
opération d’échouage,
après navigation incertaine,
dans une direction qu’il semble indiquer
mais aussi faisant lieu possible
même momentanément
ou faisant lieu in-fini
ouvrant un futur
de tenue et de mesure
De cela se fait l’architecture
qui établit une notion de ‘tenue’,
en ne dépassant pas la géométrie.
On le voit bien…
dans le premier dessin-idéogramme :
la grille est composée de traits
d’une géométrie déjà expérimentée…
20 000ans après le galet de Gneiss ci-dessus.
Cette géométrie commence
par les sillons de gravure de traits
devenant,
par continuité et répétition,
lignes ordonnées
et lignes de co-ordonnées.
Lignes de co-ordonnées.
dont le croisement primitif définissent
- un premier point,
point de sort-tie du Réel
pouvant devenir point de départ,
jetant un sort.
C’est-à-dire des sens.. sans signification encore…
- une distinction-impression de la marque de l’ ’un’ démultiplié,
c’est-à-dire un ordre,
donnant la mesure.
C’est-à-dire la répétition,
C’est-à-dire la ‘tenue du passage vers l’autre’
où qu’il se trouve.
Puis tout cela permet
la position et la dis-position
des uns et des autres…
et à nouveau du passage entre eux
pour qu’ils puissent se trouver.
Il s’agit donc de
donner
du possible au pas de l’impossible.
Donner
une possibilité de Réalité
hors du Réel où rien n’a de possibilité de se tenir,
hors du Réel où rien n’a de possibilité de stance.
Donner la possibilité de stance.
à dis-stance du Réel sans stance.
Tout cela en retrait de toute signification
ou
précédant toute Réalité….
mais la permettant.
Là est le retrait géométrique
ou l’action restreinte de la géométrie.
Elle n’est l’image de rien.
et elle ne fixe rien
Elle n’est donc pas Symbolique
Elle n’est que,
comme dit plus haut,
un ‘ordre’,
mot venant du latin ‘ordiri’
‘commencer à tisser’.
La géométrie n’est que,
comme le commencement d’un tissage,
structure sous-jacente au tissu
où peut alors
se dé-poser le sens
que nous sentons depuis notre néant premier.
Néant qui est,
par l’ordre,
devenu vide premier,
arkhè-vide
sous-tenu par
arkhè-tecture
structure sous-jacente
dans toute sa possibilité d’accueil
de l’infinitésimal à l’infini.
*
Car n’oublions pas cela… :
l’anthrope
à sa naissance… au moment où il sort du corps d’une anthrope,
est une sorte de néant avec un corps.
Il a à se trouver.
Et cela se fera par le croisement des autres….
une fois établi son passage du néant au vide
où il devient
le croisement des autres,
sorte d’inconscient
dont il est le sujet.
Et pour ce passage du néant au vide
l’architecture est indispensable…
au commencement…
Il faut
en l’anthrope,
pour ce passage du néant au vide,
la notion de tenue
et
la notion de passage à l’autre
et de la tenue de ce passage
et
la notion d’entre-deux
et de la tenue de cet entre-deux.
Sans la tenue
l’anthrope s’écroule
dans son néant.
C’est la labilité du ‘sujet’.
*
Lacan disait
‘L’architecture primitive peut-être définie
comme
quelque chose d’organisé autour d’un vide’.
‘Autour d’un vide’
et non
‘autour d’un néant’.
Ce n’est pas rien,
le passage du néant au vide.
Le néant n’offre aucun possible
puisqu’il ne peut rien con-tenir.
Rien ne peut s’y tenir
puisque, dans le néant
il n’y a pas de place
et tout ce qu’on y mettrait serait nulle part.
Ce qui,
au contraire,
fait du vide,
c’est-à-dire
fait du possible,
c’est que le vide a un entourage de matière.
‘Matière’, dans le sens grec du terme,
signifiant ‘qui rend possible’.
Voilà l’architecture
faite de dis-position de matière autour d’un vide
où le possible advient.
Et c’est bien cela que nous voyons
un peu plus explicitement
dans ce projet :
Une géométrie de fond
qui produit
sur le néant, ou sur le Réel,
un vide qui rend possible
par la grâce de
la matière
qui y est dis-posée….
*
On notera ensuite que
il n’y a pas ‘LA’ géométrie.
Il y a ‘LES’ géométries…
Elles ne sont pas toutes propres à l’architecture.
Toutes les géométries
font du vide muni d’une ou plusieurs lois…
Lois du passage d’un élément à l’autre.
Et ‘un vide muni d’une loi’ est un ‘espace’.
Et un ‘espace opérant’ est un ’lieu’.
Cet espace et ce lieu ne sont pas automatiquement architectural.
Ce peut être un espace et un lieu mathématique.
Ce peut être un espace et un lieu littéraire.
Ce peut être un espace et un lieu physique.
etc…
Mais si l’opération de cet espace est
bien précisément
l’action restreinte
décrite ci-dessus,
alors cet espace
est un espace architectural
qui rend simplement possible
le commencement de l’anthrope
par l’établissement de ce commencement
par une tenue inaugurale.
Et la connaissance de cet espace architectural
est une topo-logie architecturale.
*
Il y a alors
la question de la pertinence
de la géométrie choisie
c’est-à-dire
la question de la pertinence
de l’architecture choisie.
L’architecture que nous défendons
est là pour le bon commencement du sujet,
c’est-à-dire
est là pour le bien Être (pas le bien-être) du sujet
L’Être étant son commencement.
La pensée, tant philosophique que scientifique,
a accepté que l’anthrope est ‘sujet’.
Et il y a une histoire de la pensée du ‘sujet’.
Une histoire du bon commencement de l’Être du sujet
Une histoire de ce ‘bien’ du ‘bien’ Être du sujet.
Une histoire de l’architecture pour ce ‘bien’ Être du sujet.
Depuis Schopenhauer, puis Freud, puis Lacan, puis Badiou
il est accepté
que l’anthrope est ‘sujet’,
qui n’existe pas a priori
et qui n’est pas central à soi-même…
Que l’anthrope est ‘sujet’
du croisement des autres dont nous parlions ci-dessus.
Que ce croisement des autres est son ‘Être’.
Alors…
Une distinction est importante pour nous depuis toujours.
‘Le fermé fini’ et ‘l’ouvert infini’.
Le ‘fermé fini’ est
ce qui précède
Schopenhauer, Freud, Lacan, Badiou…
Le ‘fermé fini’ est l’humanisme.
Le ‘fermé fini’ est une prétention anthropique de suffisance.
Le ‘fermé fini’ est l’Homme…
dont on a cru
qu’il existait en soi a priori
et qu’il était central à lui-même.
Ce qui s’est avéré faux !
L’’ouvert infini’ est
ce qui vient avec
Schopenhauer, Freud, Lacan, Badiou…
L’’ouvert infini’ n’est pas un humanisme.
L’’ouvert infini’ dit la réalité anthropique et son insuffisance.
L’’ouvert infini’ dit le sujet,
non existant en soi a priori,
non central à soi-même,
tant assujetti à son inconscient
que sujet devenant capable.
Inspiré par Alain Badiou
nous énonçons ainsi
la distinction entre
‘le fermé fini’ et ‘l’ouvert infini’.
Est ‘fermé fini‘ ce qui est étendu
en opposition entre intérieur et extérieur,
en opposition entre fini et infini,
en opposition entre face et profondeur…
Comme l’Homme…central à lui-même
Comme l’architecture de l’Humanisme renaissant.
Est ‘ouvert infini’, ou in-fini, ce qui est étendu
en non-opposition entre intérieur et extérieur,
en non-opposition entre fini et infini,
en non-opposition entre face et profondeur.
Comme l’anthrope ‘sujet’
croisement des autres,
n’existant pas a priori en soi,
et non central à soi-même.
Tous nos projets,
dont celui-ci,
tendent vers cette deuxième position.
On le voit bien…
Il n’y a pas de lieu essentiel enfermé.
Aucun des éléments de cette architecture
ne se touchent.
Ils sont dis-posés et non com-posés.
il y a toujours du vide venant de l’infini
qui circule entre eux.
Il suffit de voir…
Des coordonnées.
Des lignes droites
Des lignes droites qui deviennent courbes.
Des lignes qui aboutissent en des points.
De l’oblicité allant vers de l’autre.
De l’oblicité venant de l’autre.
On verra même un courbe
arrivant en oblique
et se mettant ensemble
en tenue voisine.
Les matières
-ce qui rend possible-
se mettant ensemble
pour se tenir ensemble,
à disposition
sans plus,
sont le commencement architectural.