1987 Genval
Les données de pensée de cette maison sont multiples.
*
La situation dans laquelle il fallait projeter était la suivante.
Un terrain dans une rue de village,
sur la crète d’une vallée.
Tous les bâtiments de cette rue
sont d’un autre âge.
Le terrain,
qui permet un jardin
et un vue agréable sur la vallée,
est mitoyen à de petites maisons, larges de quelques mètres,
et est face à une maison plutôt massive.
La rue entière est faite de ces deux types d’habitats.
Le programme fonctionnel était très classique :
De nombreuses pièces et quelques locaux de service.
Le plan fonctionnel est donc simple :
La maison est traversée
par un espace d’entrée et de circulation
qui permet immédiatement
d’en appréhender la structure spatiale.
- Devant soi, on peut entrevoir toute la profondeur du jardin
- A gauche de l’entrée sur rue, la zone de service :
garage, cuisine, salle de bain, buanderie , repassage…..
- A droite, lieux de vie.
Tous de mêmes dimensions
et ne se différentiant donc que par leur climat mental :
sur rue, sur jardin… plus profond dans la maison…etc..
Un lieu se différentie : le jardin d’hiver
est d’un double niveau et de structure céleste.
*
La poétique architecturale
qui devait œuvrer
ne pouvait en aucun cas
figurer un ancien temps de ‘style’,
bien que le nouveau bâtiment
doive se tenir dans un espace ‘urbain’
composé d’objet architecturaux
d’un autre âge.
La maison,
-on le voit sur certaines photos-
a environ la même dimension que celle
qui se trouve face à elle.
La maison d’en face apparaît comme une masse.
Et cette idée de masse
sorte de bloc-synthèse de l’UN,
ne se voulait vraiment pas.
On chercha plutôt
quelque chose du pli,
quelque chose de l’étoile,
quelque chose de la terre,
quelque chose d’une disposition de la matière,
sans composition de figure,
la construction plutôt que l’image.
Quelque chose du pli…
La masse ne se plie pas
et ainsi, par le pli,
cette notion de masse n’apparaît pas vraiment.
On le voit sur certaines photos.
Tout autour de la maison,
la façade est dépliée
en petites facettes
aux dimensions des petites maisons mitoyennes.
Il en résulte une inscription mesurée dans la rue.
Mais il en résulte aussi…
Quelque chose de l’étoile.
On le voit en plan.
Le mur de parement,
fabriquant ce qu’on voit à l’extérieur de la maison,
y circule autour en ‘ondulant ‘,
et rend certains coins plus aigus.
De telle manière
que ces coins semblent
commencer à se projeter
hors du corps de l’édifice
vers son extérieur.
C’est le principe de l’étoile.
Se projeter vers son ailleurs.
Quelque chose de la terre
se repère aussi dans la construction verticale
de l’édifice
qui semble fait de sédiments
plus assis au sol…
plus espacés au fur et à mesure que se construit la hauteur.
Élément par élément,
brique de terre par brique de terre
lit de brique par lit de brique
le bâtiment apparaît par une suite de couches
mesurée par des entre-lits
plus ou moins espacés.
On sent bien donc…
Quelque chose d’une disposition de la matière,
sans composition de figure,
On sent la construction plutôt que l’image.
Ce n’est pas rien…
Il y a ici une édification
en dis-position de matière
plutôt
qu’en com-position de figure.
La dis-position plutôt que la com-position….
*
Un dernier point…
Même si le système de plis autour de la maison
semble aboutir à un repli sur soi,
il y a une ouverture….
On le voit bien en plan.
Il y a un axe central
parallèle à la rue.
Cet axe commence avec une ouverture de part et d’autre.
Ouverture qui traverse la maison autour de cet axe…
Rien ne touche cet axe à travers la maison…
Si bien que cette ouverture y fait son chemin.
Il y a donc
quelque chose de l’ouverture
qui traverse la maison…..